Critique de Nayla, « Naître fille » d’Alice Dussutour

« Naître fille »
un voyage géographique sur les discriminations et violences faites aux femmes

De quoi ça parle ?

Naître fille pose problème et ce, dans n’importe quelle société. C’est justement l’objet du roman graphique Naître fille d’Alice Dussutour. Elle nous fait ainsi voyager à travers les continents et nous présente la vie de cinq jeunes filles.

Pourquoi lire ce livre ?

Ce roman graphique est un véritable apport pour mieux saisir quelques-unes des nombreuses difficultés auxquelles les femmes sont confrontées. C’est grâce à ce livre que j’ai appris que les femmes népalaises ayant leurs règles doivent suivre la tradition de Chaupadi qui oblige les femmes à s’enfermer dans une chau goth, une hutte ouverte et éloignée du village. Exposées aux bêtes sauvages, aux risques d’intempéries et aux hommes malintentionnés, sept jours par mois, elles risquent leurs vies. Pourquoi ? Parce qu’une tradition stupide considère les femmes ayant leurs règles comme impures. Je parle ici au présent puisque, malgré la loi interdisant cette pratique, de nombreuses familles dans les villages considèrent la tradition comme plus importante. Je me rappelle encore à quel point j’ai été révoltée à la lecture d’une telle tradition.

D’autres thèmes sont abordés : de la grossophobie avec la française Jade, à l’excision avec la kenyane Makena, en passant par le harcèlement de rue subi par la mexicaine Luisa ou encore l’absence totale de liberté, illustrée par l’afghane Mahnoosh. En parallèle de ces récits, des pages documentaires permettent au lecteur d’approfondir les différents sujets, ce qui rend l’œuvre très riche. Ecrire un livre évoquant les violences faites aux femmes est difficile tant les discriminations et violences sont nombreuses. Lesquelles choisir ? Il est évident qu’on ne peut pas tout évoquer et, c’est pourquoi, j’ai trouvé les choix de l’autrice très pertinents. En effet, de chaque histoire découle d’autres récits : excision et société matriarcale, menstruation et tabou, grossophobie et injonction de la société ou encore harcèlement de rue et féminicides.