Critique de Nayla, « Fleur du désert » écrit par Waris Dirie, en collaboration avec Cathleen Miller
De quoi ça parle ?
Mannequin réputée, Waris Diries nous confesse le long parcours qu’elle a effectué, chemin tant géographique qu’intérieur.
Née en Somalie, et excisée à l’âge de cinq ans, elle a vécu les treize premières années de sa vie dans une famille de nomade (en tant que gardienne de chèvre) ; jusqu’à ce que son père la force à se marier à un vieil homme de 65 ans. Elle s’enfuit donc, parcourant le désert, arrivant dans la ville de Mogadiscio, où elle parvient à être envoyée à Londres en tant que domestique (chez un oncle). Conditions de vie inhumaines, la vie n’épargne pas Waris Dirie jusqu’à ce qu’elle se fasse repérer par un photographe et par effets papillons, devient mannequin. Traversant le monde, elle n’a pourtant jamais changé d’objectif, mettre fin à cette pratique ignoble qu’est l’excision.
Pourquoi lire ce livre ?
Un témoignage bouleversant :
Quand Waris s’est mise à raconter son excision, la vieille femme qui s’en chargeait, s’apparentait bien plus à une bouchère entrain de « charcuter » littéralement une petite fille dont le matériel dépravé se résumait à une lame qui contenait encore le sang de sa dernière « exécution ». Ce passage, je l’ai lu comme on regarde un film en ce sens que les images défilaient dans ma tête et m’ont suivies sur plusieurs jours. Même si c’est cru, difficile à lire, il est indispensable de le faire pourtant car c’est par l’émotion procurée, que l’on prend davantage conscience de la cruauté qu’est l’excision.
J’ai trouvé captivant, la façon dont, Waris Dirie comprit que si elle survivait à son excision ( sa sœur, elle, n’a pas survécu), une mission l’attendait : devenir le porte-parole de toutes celles dont la vie est un silence.
Waris Dirie explique que c’est une pratique très onéreuse mais jugée nécessaire par les familles « puisque les filles qui ne sont pas excisées, ne peuvent pas être mises sur le « marché » du mariage » page 58. Or, une femme non-mariée est une honte, un fardeau pour les familles.
Le livre nous procure évidemment d’autres sensations que l’effroi, les déboires de l’héroïnes sont pour certains, d’une naïveté très drôle qui font sourire dans un contexte bien grave et cela ajoute une forme de légèreté.
Un sujet trop méconnu, trop tabou :
L’excision est malheureusement un thème dont on ne parle jamais, que ce soit à l’école ou dans l’actualité, c’est comme si on voulait masquer une réalité pourtant bien présente qui touche chaque jour, toutes les onze secondes, de nouvelles petites filles. Et comme l’explique Waris Dirie dans une interview, l’excision ne s’arrête pas l’Afrique, elle est pratiquée en Europe. Parmi mes professeurs, une seule en a parlé et elle était abasourdie par le manque de connaissance des élèves à ce sujet.
Waris Dirie insiste sur le fait que la mutilation génitale est pratiquée « au nom de toutes sortes d’excuses », et elle écrit page 265 : « À cause d’un rituel obscurantiste, la plupart des femmes du continent africain, passe leur vie à souffrir » page 265.
Une autre citation que j’aime beaucoup et que je relève ici : « Sans ces poussées régulières de testostérone, il n’y aurait plus ni guerre, ni massacre, ni vol, ni viols » page 278.