Critique de Nayla, « Agir et penser comme les héroïnes grecques » d’Alexandra Bourguignon

« Agir et penser les héroïnes grecques »
pour faire revivre la mémoire de femmes illustres du passé

De quoi ça parle ?

Pourquoi nous rappelons-nous de l’Antiquité exclusivement des noms masculins au passé glorieux ? Poètes, empereurs ou philosophes. Virgile, Marc Antoine ou Pythagore. Pourquoi étudions-nous Périclès sans mentionner que son maître de rhétorique était une femme ? D’où vient cette volonté d’effacer la mémoire de ces femmes illustres ?
Aspasie, Epicharis, Pherenice, Sappho, Iaia. Toutes ont joué un rôle crucial.

Et c’est ce que nous dit Alexandra Bourguignon dans son essai Agir et penser comme les héroïnes grecques. Elle ajoute à ces femmes qui ont existé, des femmes mythiques, qui malheureusement, sont passées sous le prisme du regard masculin.

En voici quelques-unes : Ariane, Cassandre, Psyché et Antigone.

Pourquoi lire ce livre ?

Qui n’a jamais entendu que tous les maux du monde viennent de la femme ? Une phrase misogyne, illustrée par un exemple pour donner de la force à l’argumentation masculine : Pandore. La fameuse Pandore qui a ouvert la boîte contenant les malheurs des hommes, de la famine à la vieillesse. Mythe qui vient graver pour toujours ce vice constamment associé à la femme : la curiosité. Pourtant, sous le regard d’Alexandra Bourguignon, Pandore n’est plus limitée à cette enveloppe fautive qui l’étouffe depuis des siècles. L’autrice ne modifie cependant pas le mythe, ne l’enjolive pas ni n’en efface des aspects : elle en donne une nouvelle impulsion pour transformer ce qui avait été pris pour des défauts et des faiblesses, en des qualités essentielles et inspirantes. Ainsi, en plus des nombreuses connaissances que cet essai apporte, c’est une véritable leçon de vie que tisse l’autrice.

J’ai trouvé particulièrement intéressant le fait qu’Alexandra Bourguignon mêle des personnages mythiques à des héroïnes qui ont vraiment existé. Il est vrai que, dans l’imaginaire commun, les femmes de l’Antiquité sont souvent associées à des déesses telles que Aphrodite ou Athéna. Découvrir des femmes comme Aspasie, professeure de rhétorique, Sappho, poétesse ou l’artiste Iaia, est d’autant plus inspirant. Cléopâtre n’était pas la seule femme qui existait pendant l’Antiquité !

Dans ces sociétés gréco-romaines, il était difficile pour la femme de se faire une place puisqu’elle devait rester dans le gynécée (pièce de maison attribuée à la femme) et que son rôle était réduit à celui de mère ou d’épouse. Et malgré ce contexte étouffant, des femmes se sont imposées et, grâce au travail des historiennes et historiens, elles rejaillissent, après des siècles d’invisibilisation.